Vingt-deux photographies capturées lors du mois de résidence de Mouna Saboni
à la Fondation MAM.
Les mots, l’écriture habitent les images de Mouna Saboni. Mouna, ici à Grand Suza, Mouna a choisi de capturer des images au petit matin, juste avant l’aurore, cet instant précis où la nuit bascule vers le jour, ce moment où ce qui est caché, tapi se révèle, moment le plus propice pour se connecter aux ancêtres et aux esprits, et célébrer la nature et le vivant, car à l’aube, le temps est suspendu et les plantes exhalent toutes leurs vertus…
Mu ko iyô est le nom d’une plante de la forêt qui signifie en langue Abbo
« Celui qui dort », « Celui qui garde les secrets ». Mu ko iyô, est une plante sensible qui se referme au moindre stimulus (bruit, mouvement, danger dans son environnement...), pour mieux s’ouvrir ensuite. Le pouvoir magique de cette plante fait écho à un patrimoine, à des traditions qui ont traversé les années en résistant aux épistémicides engendrés par la colonisation.
Mu ko iyô renvoie à un lieu monde, à une langue et des gestes qui ont refusé l’effacement grâce à un secret, celui que l’on chuchote à l’aube et qui se transmet de génération en génération car les voix de la nuit s’élèvent avec le jour au petit matin pour convoquer le passé et chanter le futur. On peut confier une intention ou un vœu, à Mu ko iyô ...
La nuit porte l’idée de survivance et de résistance face à des écocides, car l’obscurité cède chaque matin à la lumière de l’aube ; sous-jacente, il y a aussi l’idée de la nuit espace stratégique et de lutte contre l’obscurcissement et donc celui de la résistance des maquisards contre l’oppression coloniale.