L’art est un investissement rentable


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Propos de Marème Malong

Voilà maintenant plusieurs années que l’on évoque, dans le monde, l’essor de l’art contemporain africain sur le marché international. Mais qu’en est-il ici chez nous en Afrique et plus particulièrement au Cameroun? Les collectionneurs potentiels dont regorge le continent sont-ils conscients des enjeux politiques, culturels et économiques qui sont à l’œuvre ? Force de constater que la plupart des œuvres majeures produites par des artistes africains se trouvent aujourd’hui  dans des collections hors de notre continent et dans les musées occidentaux. Cela n’est pas une fatalité. Il nous revient, à nous Africains, d’assumer pleinement notre rôle dans ce processus qui engage l’avenir de la création africaine.

Certes, le marche de l’art africain contemporain est en plein essor a l’échelle mondiale et devrait entre 2016 et 2016, passer selon Deloitte (Art Tactic – Art Finance report 2017 / 5th édition) de 12 à 20 milliards USD.

Pour sur, le nombre de foires/biennales consacrées à l’art africain contemporain a au cours des dix dernières années double  (plus de quinze aujourd’hui). Cet essor se traduit par des flux annuels financiers significatifs, de l’ordre de 200 millions USD, partages pour moitie entre les ventes publiques publiques aux enchères (des grandes maisons Sotheby’s, Christie’s et Bonhams) et les ventes aux privées : il se traduit également par des cotes très significatives pour des artistes africains vivants, trop souvent méconnus dans leurs pays. Pourtant malgré ces signaux prometteurs, l’on compte encore bien peu de collectionneurs africains. Seuls quelques rares collectionneurs comme Oomoba Shyllon ou encore Sindika Dokolo, affichent une prédilection dans leurs choix pour les artistes africains notamment contemporains.

 Les avantages pour les HNWI (High-Net Worth Individuals) d’une démarche d’investissement dans l’art sont patents et nombreux : diversification, actifs libelles en devises, bonne liquidité, facilite de transmission d’une génération a l’autre, mais ce n’est pas suffisant. En effet, il faudrait pour que cette dynamique prospère, et s’étende aux entreprises et institutions que l’environnement juridique et fiscal soit plus favorable et que les différents acteurs se mobilisent. Chacun a un rôle à jouer : galeries (promotion des artistes), entreprises privées et publiques, institutionnels (lobbying, acquisition d’œuvres…), wealth managers (éducation sur l’attractivité de l’art africain en tant qu’actif patrimonial), conseils spécialisés en gestion de patrimoine, banquiers (valorisation de l’art africain comme collatéral liquide…) pouvoirs publics (adoption de textes juridiques et fiscaux, d’incentives favorables a la création de fondation et au mécénat…)

Il me plait ici de croire que la Banque Mondiale impulsera cette démarche en jouant pour le moins un rôle de catalyseur, assurée que l’initiative sera prise par la représentation de Yaoundé qui est d’ores et déjà moteur dans le développement de la création au Cameroun.